Les nouvelles fenêtres sur le monde : comment les écrans créent les peurs

Hier, dans cet ancien temps, déjà si loin, le monde était juste derrière nos fenêtres : nous nous approchions, regardions au plus loin que l’horizon nous le permettait et nous faisions une idée du monde. Quelle heure est-il ? Va-t-il faire beau ? Y a-t-il un inconnu dans les parages, a-t-il l’air amical ? Et puis nous sortions et vivions la journée.

Aujourd’hui, la nouvelle fenêtre s’appelle internet, smartphone ou télévision (pour les plus anciens 😊), elles sont grandes ouvertes et omniprésentes. Quand nous nous en approchons, nous avons accès au monde entier, à des guerres qui sont à des milliers de kilomètres, à des gens qui pèsent 200kgs à l’autre bout de la planète, à des foules déchaînées de peur ou de joie, à des comportements nouveaux, étrangers, parfois effrayants. Et nous ne sortons plus, souvent tétanisés par ce que nous avons vu sans rien savoir ni comprendre de ce qui se joue là-bas.

Bien sûr, ce tableau est un peu exagéré et la plupart d’entre nous sortent encore (hors confinement !). Bien sûr, il est important de connaître notre monde, ses dangers … et sa beauté aussi non ? Mais, à bien y regarder, quelles sont toutes ces peurs qu’on nous inocule comme par intraveineuse ? Nous appartiennent-elles vraiment ? En quoi ces peurs influent-elles sur notre quotidien alors qu’elles n’impactent en rien notre présent dans la réalité ? En quoi ces peurs nous interdisent-elles un peu de vivre ? En quoi nourrissent-elles notre imaginaire et, de loin en loin, notre anxiété ?

Les fenêtres sur le monde sont devenues plus grandes que ce que nos émotions où notre cerveau peur assimiler et contenir, elles nous mettent face à notre constante impuissance à aider ou même s’émouvoir du sort des Syriens, des baleines, des accidentés de la route et des malades du Covid à l’autre bout de la France, … Tout ça, mélangé et mis quasiment sur le même plan entretenant la confusion et notre mise en échec permanentes.

Ouvrons la fenêtre (la vraie), respirons, regardons dehors en nous limitant à ce que nous voyons. Non, les passants ne sont pas tous des barbares en puissance ou des voleurs de poule. Regardez par la fenêtre, regardez ce que vous voyez (et non pas vos pensées) et vous ne verrez, dans l’immense majorité, que des gens normaux avançant du mieux possible dans la vie. Vous verrez des mères et des pères qui soignent et aiment leurs enfants, vous verrez des gens aider une personne âgée à traverser, vous verrez aussi des égoïstes et des violents, mais ils sont minoritaires et, le plus souvent, ils ont simplement peur parce qu’ils ont trop regardés par la mauvaise fenêtre.

Qu’est-ce qui nous fait plaisir ? Qu’est-ce qui nous contrarie dans la vie ? Sur quoi pouvons-nous agir pour amplifier le plaisir ou diminuer la contrariété ? Qu’est-ce qui nous empêche de le faire maintenant ? Peut-être que nous pourrions commencer par cela : ce sur quoi nous pouvons agir.
En changeant de fenêtre, peut-être contribuerons-nous à reprendre un peu plus le contrôle de notre propre vie.

#déshypnotisons-nous

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